Pour faire des vêtements en laine ? Mais non : pour leur bien-être et leur santé. En France, c’est même une obligation annuelle pour les éleveurs. Comme nous, les moutons peuvent avoir un coup de chaleur l’été… si leur toison est trop épaisse. Il faut aussi les tondre pour éviter qu’elle ne se transforme en nid à vilaines bestioles. Tant mieux pour les moutons, me direz-vous, surtout si le tondeur le fait dans les règles de l’art, en évitant de les traumatiser et de les blesser. Mais tant pis pour les éleveurs d’aujourd’hui, car le coût de la tonte est très souvent supérieur à la valeur de la laine récupérée. Jusque dans la première moitié du XXe siècle, celle-ci constituait leur principale source de revenu, mais la concurrence des produits synthétiques a fait chuter son prix de vente. C’est toute la filière textile française de la laine qui a été impactée, son déclin entraînant fermeture d’usines et délocalisations… et par contrecoup, l’abandon de l’élevage lainier des moutons, pour produire de la viande et du lait de brebis. Voilà comment la laine est devenue en France un sous-produit de la tonte, voire un déchet quand sa valorisation n’est pas assez rentable.
Mais dès les années 80, des éleveurs se sont organisés pour trouver des débouchés à leur laine. Saviez-vous qu’elle peut être utilisée pour faire non seulement des vêtements, qui résistent en particulier à l’eau et au feu, mais aussi des matériaux isolants, des filtres ou des bandages ? Depuis les années 2010, ce mouvement s’est amplifié, en se prolongeant par des initiatives nécessaires à la renaissance de la filière textile de la laine en France : laverie, filature, formations sur sa valorisation. La chute brutale des exportations vers la Chine en 2021, due à la crise sanitaire, a mis davantage encore en évidence la nécessité d’un renouveau de la filière textile de la laine en France.
Acheter un pull ou un tricot Made in France permet de participer à la relance de l’industrie et de l’artisanat français, en soutenant une filière qui a failli disparaître de notre pays, avec ses nombreuses activités : élevage lainier des moutons, transformation de la laine, qui doit être triée, lavée et teinte avant d’être filée, élaboration du pull, de la conception aux finitions suivies d’un contrôle qualité très strict, en passant par le tricotage et l’assemblage. Historiquement, les pulls français étaient réalisés à la main dans des « bonneteries », qui ne concevaient pas seulement des « couvre-chefs », mais tout vêtement confectionné en maille. Des bonneteries françaises ont réussi à survivre aux crises du secteur textile et se situent encore majoritairement à Troyes, en région Rhône-Alpes, en Bretagne et en Normandie. En région parisienne à Clamart, le fabricant Tricots Jean Marc fournit de nombreuses marques comme Tranquille Emile, tout en créant ses propres produits. Il nous révèle dans cet article les secrets de fabrication d'un pull fabriqué en France.
La fabrication d’un pull étant particulièrement complexe, avec ses nombreuses étapes et réglages qui nécessitent expertise et vigilance, le savoir-faire ancestral des marques qui ont résisté à la mondialisation est gage de grande qualité, d’autant que leur survie passait aussi par l’innovation. Elles ont cherché à perfectionner leur production dans tous les domaines : du fil aux machines en passant par les coloris, et jusqu’aux points de tricotage.
La filière française de la laine se distingue aussi par l'émergence de marques et de collectifs français désireux d’une fabrication qui se soucie tout particulièrement d’éthique : en respectant les animaux, les humains (conditions de travail, rémunération) et l'environnement (traitement des eaux usées et des déchets liés à la transformation par exemple).
Évidemment, la matière du pull est primordiale. Pourquoi préférer la laine ? Pas seulement parce que c’est une fibre qui tient chaud l’hiver. Comme elle s’adapte à la température du corps (faculté thermorégulatrice), on n’a pas trop chaud dans un pull de laine en été, et en plus, elle ne retient pas les odeurs ! Mais il y a de nombreuses races de moutons, et donc différentes qualités de laine. Ce n’est pas un hasard si les marques Made in France, si soucieuses de produire de produits de qualité, conçoivent des modèles très variés en laine de moutons mérinos, pure ou mélangée ! Sa douceur, sa finesse et son confort sont incomparables. Pour les femmes, Le Mouton à Soie propose des gilets, pulls et cardigans à porter toute l’année composés à 70% de laine mérinos biologique et à 30% de soie naturelle. Autre matière naturelle, dont les qualités ne sont plus à démontrer, le coton, que de nombreuses marques Made in France choisissent bio. Il existe aussi des compositions mixtes avec des matières synthétiques.
Pour parler des modèles, commençons par rendre hommage à l’incontournable pull marin ! Rien de mieux, pour être bien au chaud, que son col légèrement montant boutonné sur le côté, sa maille de laine très serrée et sa coupe très près du corps. La Baie des Caps le propose dans des matières et des couleurs fort variées, de même que ses marinières. Également empruntée aux marins bretons, à qui elle servait à l’origine de maillot de corps, la marinière se distingue par l’élégance de ses rayures, popularisées par le couturier Jean-Paul Gaultier. Elle peut être en laine comme le pull marin, mais aussi en coton (bio chez Tranquille Emile). Les deux types de pulls s’inscrivent dans la tendance actuelle des modèles mixtes, mais on trouve chez B. Solfin des pulls pour femme « esprit marinière » où brille l’inventivité des marques françaises.
Le style du pull dépend aussi de son col. Quoi de mieux, sous un blazer, qu’un col V, quand il est associé comme chez Lordson à la finesse de la laine mérinos ? Les hommes trouveront des cols camionneurs chez Baie des Caps, les femmes des cols roulés chez B. Solfin. Les coudières, ça peut être chic : la preuve chez Lordson ! Et ne croyez pas qu’un pull de Noël est forcément un « pull moche » : allez voir ceux de Tranquille Emile !
Je cherchais un joli pull épais -mais pas trop- pour pouvoir mettre une deuxième épaisseur dessus si nécessaire. L'an dernier, j'ai trouvé le modèle Pome de La Gentle Factory. J'ai acheté le modèle bleu marine, pour sa matière en coton épais, qui permet de le porter toute l’année, et pour son côté chic, avec ses boutons sur le côté et sa coupe ajustée. Son col cheminée, plus classe que le col roulé, couvre suffisamment le cou. Conquise, je viens de l'acheter en prune … Sophie
Les marques de tricots, gilets et pulls français sont soucieuses à la fois de leur impact social et de la préservation des savoir-faire locaux. La fabrication des étiquettes, boutons, fils de coton, zips est le plus souvent possible réalisée en France. Les matières sélectionnées et la confection sont destinées à garantir la qualité et la longévité des vêtements. Pour les étiquettes, boutons, fils de coton, zips, la fabrication est aussi très souvent réalisée en France. Ces engagements et la qualité supérieure d’un travail nécessitant un grand savoir-faire, notamment pour le tricotage et les finitions, participent du montant d’un prix que les marques Made in France veulent « juste ». Il s’élève bien évidemment avec la qualité des matières. Les premiers prix vont de 75€ à 100€. Comptez entre 110€ et 160€ en moyenne pour un pull en laine 100% mérinos ou pure laine, et environ 250€ pour un pull en mohair et en soie.
Fourchette de prix : 37.50 € à 245.00 €.