Le saviez-vous ? Le mot « bonneterie » ne désigne pas seulement un magasin de lingerie, mais aussi la fabrication des vêtements en maille, issus d’un tricotage. Cet article vous permettra de percer les secrets de la fameuse qualité des produits français !

Pourquoi choisir un pull made in France ?

Des règlements européens particulièrement exigeants nous garantissent que les produits textiles fabriqués en France respectent la santé des acheteurs et les droits des salariés, et qu’ils protègent mieux l’environnement.  Mais quelle est la valeur ajoutée de la fabrication française ?

Ecoutons Melik Baratian, le directeur général des Tricots Jean Marc, implantés à Clamart dans les Hauts-de-Seine : « Il n’existe plus qu’une quarantaine de fabricants français. Chacun a ses spécialités, avec ses points forts, et propose toujours des pulls de qualité.  En ce qui nous concerne, nous fêtons nos cinquante ans d’existence. Nous sommes capables de faire du moyen et du haut de gamme en travaillant avec des fils très différents. Notre vraie force, c’est notre passion et notre savoir-faire français. » Pour lui, la survie de ces fabricants français malgré les obstacles de toute sorte est déjà une preuve de la qualité de leurs produits, caractérisée par leur solidité, gage de durabilité.

S’y ajoute l’absence de défauts, grâce notamment à des contrôles très rigoureux qui entraînent parfois, pour les vêtements en laine, un travail de finition particulièrement délicat. Voilà un début d’illustration du « savoir-faire français » : une recherche de la perfection. Pour les pulls, elle nécessite des opérations dont la technique peut varier suivant les marques et les matières, mais qui sont toujours minutieuses et complexes.

Les étapes précédant le lancement de la production

1. La conception : au commencement était le fil

A partir d’une idée de départ, trouver le fil adéquat est essentiel -un choix difficile parmi 30 000 ! Ils diffèrent par leur matière, naturelle (coton, lin, laine, cachemire …) ou synthétique (acrylique, polyamide…), avec cinq combinaisons possibles, leur forme (fil rond, plat …), leur aspect (poilu ou non …), etc.

Une étape spécifique aux pulls est la rédaction d’une liste, avec des caractéristiques techniques comme le métier à tricoter adéquat, la taille des aiguilles, le point de tricotage (mousse, riz, jersey envers …), le type de maille (rayure, torsade, relief …).

2. La réalisation d’un prototype : un processus qui nécessite du temps et de l’expérience

Cette liste servira de base à la création et à l’installation sur un métier à tricoter, par un programmeur ou une programmeuse, d’un programme qui permettra de tricoter, de façon adéquate au modèle prévu, des pièces de mailles tricotées appelées « panneaux ».

Mais de multiples réglages seront nécessaires pour obtenir les dimensions souhaitées, y compris après un lavage et un séchage. Une fois les bons réglages trouvés, les panneaux seront tricotés sur une machine dédiée, puis assemblés.

Et si à l’essayage, le tomber du pull n’est pas satisfaisant, il faudra recommencer les opérations, jusqu’à ce qu’enfin la production puisse être lancée

Machine à tricoter - Atelier Tricot Jean Marc à Clamart

L’ennoblissement : lavage et foulonnage

Le « foulonnage » est un séchage dans un tambour qui fait taper les panneaux contre les parois, rappelant l’activité des anciens foulons piétinant certaines étoffes.  Le lavage et le foulonnage, utilisés principalement pour les matières majoritairement naturelles, ont pour objectif d’agir sur le fil pour améliorer la durabilité, l’aspect et le toucher du produit et pour obtenir un résultat donné : le fil du mohair doit sortir, contrairement à la laine mérinos. Cela nécessite encore des réglages : température, durée, vitesse.

Les trois principales techniques d’assemblage

Les panneaux peuvent déjà correspondre chacun à une partie du pull comme le dos ou la manche, grâce à la réduction du nombre de mailles selon les endroits (« tricotage en diminué ») ; on les assemble alors par une couture bord à bord, très discrète, avec une « machine cuvette ». Si au contraire il faut couper les panneaux avant l’assemblage, on utilisera une « remailleuse » ou une « surjeteuse ». Le remaillage est un assemblage particulièrement élaboré, maille par maille, qui prend quatre fois plus de temps qu’avec une surjeteuse. Le surjet (point à cheval sur les deux bords à assembler) n’en est pas moins une technique délicate si l’on veille à la qualité de ce genre de couture ; elle nécessite un réglage savant et une grande concentration, jusqu’à une heure et demie pour un gilet.

L’importance du savoir-faire humain

Les fabricants soulignent volontiers que la valeur ajoutée du Made in France tient à une main- d’œuvre particulièrement qualifiée. Celle-ci se distingue par l’expertise que nécessitent des opérations exigeant dextérité, minutie, etc. La machine n’est rien sans ceux et celles qui sont capables, par exemple, de mettre en marche un métier à tricoter avec le fil approprié, le régler, l’entretenir, mais aussi le surveiller et contrôler le résultat de son travail. Leur expérience, souvent acquise par leur ancienneté chez le même fabricant, ainsi que leur amour de leur métier permettent aux produits français de bénéficier d’un savoir-faire traditionnel. Fabricants et ouvriers ont à cœur de le transmettre par une formation en interne, notamment à des métiers pour lesquels il n’y a pas d’école. Connaissances, expériences, techniques : la fabrication française des pulls coche toutes les cases d’un savoir-faire ancestral au service d’une exigence extrême.