A votre avis, quelle chaussure représente près de 50% du marché en France ? La sneaker, bien sûr ! Et laquelle est la plus représentative de la fast fashion, qui ne se limite pas aux vêtements ? Toujours la sneaker ! Les grandes marques internationales sortent très fréquemment de nouveaux modèles, que de nombreux amoureux des sneakers s’empressent d’ajouter à leurs collections déjà pléthoriques. Pourtant, elles ont constaté, depuis une dizaine d’années, que les consommateurs accordaient de plus en plus d’importance à l’éthique des marques et qu’ils étaient de plus en plus nombreux à préférer une marque plus écoresponsable. C’est ainsi qu’elles ont développé l’utilisation de matières bio ou recyclées… dans certains modèles seulement, alors que l’écoresponsabilité est dans l’ADN des marques françaises de la mode. C’est même souvent la prise de conscience des dégâts causés à l’environnement par la fast fashion qui est à l’origine de leur création.
Tel est le cas de la marque française de sneakers avec laquelle nous avons choisi de vous faire découvrir leur fabrication : Sessile, nom qui est d’ailleurs celui d’une variété de chênes remarquables. Pour protéger le plus possible l’environnement, Sessile a conçu des sneakers réparables. Une innovation fort attendue, car les baskets sont des chaussures qui s’usent vite, sans compter que leurs propriétaires leur sont souvent très attachés !
Pourquoi choisir des sneakers Made in France ?
Comme bien d’autres fabricants français, les fabricants de chaussures ont beaucoup souffert de la concurrence asiatique, si bien qu’en 30 ans, le nombre d’ateliers de chaussures a été divisé par 3. Pourtant, la France possède un solide savoir-faire en la matière, celui bien connu de la ville de Romans dans la Drôme, et aussi de fabricants d’autres régions. Dans le Maine-et-Loire, La Manufacture 49, créée en 1927 par le fondateur, cinq ans plus tard, de la marque Eram, a une capacité de production de 300 000 paires par an. Ce n’est pas un mince atout pour l’industrie française. Les fabricants Made in France sont confrontés au défi de répondre le plus possible à la demande sans cesse croissante de sneakers. En 2019, la Manufacture 49, qui fabrique des chaussures pour une dizaine de marques, a décidé de lancer la sienne. Le projet, porté par quatre de ses collaborateurs particulièrement sensibles, comme les fabricants français, à la nécessité de protéger l’environnement, a abouti à la création de la marque de sneakers Sessile. Héritage et innovation : de vrais atouts qui permettent aux sneakers Made in France de faire la différence avec les produits importés.
Valoriser le savoir-faire français en préservant des emplois locaux est un objectif majeur des marques françaises, et nous sommes invités à nous y associer en tant que consommateurs. Cette préoccupation du groupe familial Eram, propriétaire depuis l’origine de la Manufacture 49, s’est notamment manifestée par la réouverture d’un des derniers ateliers de piqûre (c’est-à-dire de couture des chaussures) situés en France. Des femmes possédant ce savoir-faire depuis longtemps y ont été réemployées et d’autres recrutées pour permettre sa transmission, alors qu’il était en train de disparaître. Le Groupe Eram a d’ailleurs créé une École de la Chaussure en 2014. Choisir l’emploi en France implique un prix « juste », c’est-à dire fondé sur une rémunération à la hauteur de la qualification nécessaire, environ deux fois plus que dans tel autre pays européen : elle est de 35 euros sur chaque paire Made in France vendue par Sessile. Cela correspond à 40% du coût de production, mais d’un autre côté le fait que Sessile fabrique elle-même ses produits contribue à réduire le prix de vente. Le prix « juste » se définit aussi par la qualité supérieure d’un produit conforme aux exigences très élevées des marques Made in France ….
Pour une marque de sneakers, choisir le Made in France, c’est privilégier les circuits courts, afin de réduire son empreinte carbone en limitant les transports. Sessile peut fabriquer des sneakers dans son propre atelier, à Montjean-sur-Loire. Comme il n’est plus possible de s’approvisionner uniquement en France, par exemple en semelles, les composants de ses sneakers proviennent de pays européens, voire limitrophes de la France.
Un aspect essentiel de l’écoresponsabilité réside dans le choix des matières. Les marques françaises comme Sessile préfèrent le cuir, qu’elles achètent dans des tanneries labellisées LWG, pour sa robustesse. Le cuir peut aussi être upcyclé, c’est-à-dire issu de chutes ou de matière non utilisée dans l’atelier de Sessile. Et toutes sortes de matières recyclées peuvent également être utilisées. Commençons par le polyester, qui est de plus en plus utilisé pour remplacer le cuir. Chez Sessile, il sert entre autres à fabriquer le dessus et la doublure en jean d’un modèle conçu en collaboration avec 1083. La marque fabrique aussi des sneakers avec de la laine recyclée. Pour la semelle intérieure, il est possible d’utiliser de la mousse recyclée (jusqu’à 86%) en plus du cuir ; pour la semelle extérieure, l’exigence de solidité limite la part de caoutchouc recyclé dans les produits de Sessile, mais elle est de 70%. N’oublions pas les lacets : ils sont en coton ou en coton bio. Savez-vous comment s’appellent les trous par lesquels on les fait passer ? Les œillets. Ceux des sneakers fabriquées par Sessile sont faits d’un laiton qui ne contient pas de nickel. Les marques responsables sont attentives à la santé de ceux qui utilisent leurs produits ou les fabriquent. Sessile utilise de la colle sans solvants, ce qui nécessite de multiples essais pour que son usage soit adapté aux différents matériaux utilisés.
Les marques françaises essaient constamment de progresser dans cette démarche écoresponsable. Si les sneakers de Sessile ont trois fois moins d’impact sur l’environnement qu’une paire fabriquée en Asie, c’est aussi parce qu’à l’utilisation de matières recyclées s’ajoutent la réparation et le recyclage du produit. Sessile favorise même la consommation responsable en offrant un bon d’achat de 20 euros à ses clients qui renvoient leurs paires usées pour ce recyclage. Mais pouvoir retarder le plus possible la séparation d’avec ses sneakers chéries, c’est encore mieux ! Les sneakers de Sessile sont conçues pour être non seulement recyclables, mais aussi réparables, grâce au brevet de démantèlement que son bureau interne de recherche et de développement lui a permis de déposer. Attention : la réparation des sneakers Sessile ne se limite pas au changement de la semelle extérieure. Votre paire de sneakers se refera une beauté en changeant de lacets et de semelles intérieures, en étant nettoyée et débactérisée, ainsi qu’en retrouvant ses couleurs, et même son volume d’origine : c’est la fin des baskets avachies !

Comment sont fabriquées des sneakers Made in France ?
Revenons à la phase de fabrication, à partir de la découpe des matériaux jusqu’à la mise en boîte. Chez notre guide Sessile, pour le modèle Abélia Blanc, elle dure 1h20 environ, avec 70 opérations, auxquelles participent une vingtaine de personnes. C’est dire l’exigence de qualité de la fabrication française, qui commence dès la conception.
A) La mise au point du modèle : le rôle fondamental d’un patronnier
- Tout commence évidemment par le dessin du designer, en vue de la réalisation d’un prototype. Celle-ci peut être différente selon les marques. Chez Sessile, elle commence par la recherche d’une semelle qui correspond à ce dessin. Quand on y réfléchit, cela n’a rien d’étonnant, vu l’importance de la semelle pour une chaussure, et plus encore pour une basket !
- Le patronnier STP (pour Semelles, Talons, Premières) se charge de vérifier que les semelles sont bien adaptées à toutes les pointures (du 36 au 46). Puis il s’adresse à un formier qui, comme vous pouvez vous en douter, va développer la forme de la sneaker. Le patronnier TIGE réintervient pour réaliser un nouveau dessin, en 3D cette fois, donc avec les volumes. Pour la fabrication du prototype, il va travailler en binôme avec une personne chargée d’assembler le dessus des pièces de la sneaker : un piqueur, en fait une piqueuse chez Sessile. Le patronnier devra faire de nouvelles vérifications, concernant par exemple les pointures, le confort, la ligne, qui peuvent aboutir à des réajustements. Figurez-vous que les sneakers Sessile sont ensuite testées au porté : plusieurs collaborateurs les porteront pendant un mois !
B) Le lancement de la production : de nouvelles vérifications et des commandes
- Le responsable industrialisation s'assure que la production industrielle des sneakers est possible. Chez Sessile, il doit également vérifier qu’elles pourront être réparées, puisque que cette exigence de réparabilité est intégrée à la conception du modèle. La réunion de collection qui suivra servira à s’assurer que le produit est conforme au cahier des charges et que ce dernier était complet.
- C’est l'approvisionneur qui commande les matières à grande échelle. La commande des outils de coupe (une dizaine d'outils par pointure environ) est encore du ressort d’un patronnier, le patronnier tige.
C) Les étapes de la fabrication
- La coupe : après réception, contrôle et tri, les matières sont coupées avec des machines à l’emporte-pièces.
- La piqûre (cf. photo ci-dessus) : elle a pour but, avec une sorte de machine à coudre, d’assembler la « tige », c’est-à-dire le dessus de la chaussure. Elle est constituée de très nombreuses parties comme les bouts avant et arrière, la languette, le contrefort… sans oublier la doublure.
- Le montage : il représente une cinquantaine d’opérations, en trois étapes.
- Le galbage (qui nécessite une machine très puissante) consiste à ajouter à la tige les bouts durs du devant et de l’arrière pour donner à la chaussure sa forme arrondie à l’avant et au niveau du talon, ainsi que le contrefort.
- L’enformage consiste à placer une sorte de faux pied à l’intérieur de la tige. Cela sert à assembler la tige sur une première de montage qui se trouve au fond de la chaussure ; celle-ci permet à la tige de tenir droite.
- La tige est ensuite assemblée à la semelle extérieure. On utilise de la colle, ainsi qu’une couture latérale, pour plus de solidité.
Et les lacets, me direz-vous ? Un peu de patience ! Pour l’instant, sachez que les œillets sont percés avant le montage.
4. la finition
Elle commence par le dernier contrôle qualité, suivi du bichonnage : si nécessaire, reteinter la chaussure, rentrer les fils qui sortent… C’est ensuite le moment d’ajouter les lacets et de lacer la chaussure. On ajoute aussi une première de propreté, semelle intérieure amovible. Enfin vient le moment de mettre les sneakers dans leur boîte, une fois que celle-ci aura été montée.
Les autres plus de la fabrication française ? Un contrôle qualité particulièrement exigeant, qui ne se limite pas à la phase finale. Chez Sessile, il y en a aussi aux stades essentiels de la fabrication : à la piqûre, avant et après montage. Et comme beaucoup d’autres marques françaises, pas seulement de sneakers, la marque manifeste son attention à ses clients par un petit mot personnalisé.
Depuis sa création, les ventes de Sessile ne cessent de progresser. C’est le signe que les sneakers françaises ont de l’avenir !